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Reportage

Un SMS  arrive sur mon portable à 21h14. Il vient du président de l’ASM-Plongée. Une photo accompagnée du texte suivant :

Hello une demande urgente et originale. A la voile un voilier 8m 2 tonnes a coulé au quai. Il est planté droit sur sa quille.
Les voileux cherche du monde et des bonnes zidées pour le renflouer. Y a t il des volontaires ?
L’idée est de le remonter suffisamment pour mettre une pompe de cale et le vider complètement.
Application à effectuer demain en fin AM. Le club met de l’air à disposition. Si vous avez des bidons des bouées gonflables à apporter cela serait super.

Ni une, ni deux, je vérifie mon agenda : je ne fais rien le lendemain soir. Je me porte donc volontaire. Ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance de pouvoir renflouer un bateau. Je vérifie mon sac de plongée et je pense à prendre tous les poids que j’ai. Mon expérience en archéologie sous-marine m’a appris qu’il faut être sur-lesté pour pouvoir travailler au fond sans trop lutter afin de ne pas remonter. D’habitude je prends 2 kg avec moi, demain j’en aurai 7. Je devrais couler comme une pierre et rester coller au fond.

La confirmation que l’opération a bien lieu est donnée à 13h49 par Patrick qui passe prendre de l’air. 18h heure j’arrive à la base nautique de Mantes-la-Jolie. Patrick est là, Julien lui est déjà sous l’eau pour les premiers repérages. Je m’équipe et vais le rejoindre.

La solution retenue est la suivante : glisser de grosses bouées de régate dans la cale et les gonfler. Une fois soulagé, le voilier sera tracté jusqu’au quai où on se servira de la grue pour le soulever et le sortir hors de l’eau. Enfin on placera une pompe dans la cale pour le vider.

Nous réussissons à mettre deux bouées dans la cale avant, ainsi qu’une grosse chambre à air de camion dans la cale arrière. Patrick est resté sur le ponton pour gérer l’air utile au gonflage. Je sens que le bateau commence à bouger. La proue est à 3,5 m sous la surface. Pour aider encore un peu, nous attachons deux autres bouées de régate à l’avant mais pas totalement gonflées. Même à 5 kg de surpoids, dur-dur de lutter contre l’air qui cherche à remonter à la surface.

On détache les différentes amarres et le tracteur commence à tracter le voilier vers le quai. Le profile de la coque et l’absence de quille nous facilite le travail : le bateau glisse tout seul, mais surtout ne racle pas le fond plein de pierres.

Une fois à quai, la seconde partie du renflouage commence par la fixation d’une élingue qui permettra de « gruter » la coque.  C’est dans 1 m d’eau et à l’aveuglette que je trouve l’élingue, que je la passe dans les manilles et que je la ressors afin de l’accrocher au crochet de la grue. Puis tout doucement, on soulève la coque. On arrête la manœuvre au moment où le pont est affleurant, mais surtout que les bords du cockpit sont eux totalement sortis, de sorte que l’eau ne puisse plus rentrer. On positionne la crépine et on lance le pompage. Et là c’est un moment magique, en se vidant le bateau se remet à flotter. C’est aussi un peu grâce à la pousser d’Archimède.

21h14, les opérations prennent fin : le voilier est remis à flot et les cales sont vides. Une expérience de plongée pas comme les autres, et dans la Seine de surcroît.

Les photos de l’opération

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