J’aimerai vous faire partager une très belle plongée bien qu’elle ne soit pas ouverte à tous.
Nous sommes en Novembre 2011 et nous faisons notre dernière sortie de l’année : 4 jours sur la presqu’ile de Giens. La plongée est la dernière du séjour. Il faut dire que cette année Christophe (le gérant du club Ulysse Plongée) s’est mis en quatre pour nous offrir des plongées pouvant intéresser aussi bien les niveaux 1– qui plongeaient avant d’attaquer la formation N2 – que les N2 et surtout les N3. Et il y en avait 4 sur le bateau de ces plongeurs autonomes N3. Cette bande de copains un peu à part, dans leur coin à se raconter leurs plongées et leurs souvenirs de sorties.
Ce matin, l’excitation est à son comble car chaque niveau a sa plongée : les N3 et les encadrants NCR partirons en premier, puis, dès qu’ils seront tous remontés, les N2 seront lâchés en autonomie sur un fond de 20 m pour rejoindre la roche Bleu où et les N1 encadrés par Serge feront un petit tour.
Alors pourquoi tant d’excitation pour une plongée ? L’exploration du Mustang, une épave d’avion de la 2nde guerre mondiale reconstituée en Juillet 2011, posée sur un fond sableux de 55 m ! On rentre pleinement dans la zone profonde, celle pour laquelle le N3 est le minimum requis. Tout le monde vérifie deux fois son matériel. Il n’est pas question d’avoir une panne sous l’eau à cette profondeur. Christophe donne les consignes de sécurité : départ des palanquées toutes les 7 minutes et 9 minutes de temps fond. D’après les tables MN90, ce profil de plongée nous donnera un palier à 6 m tout en limitant notre plongée à 20 minutes au total. Il ne faut pas oublier que pendant que nous serons sous l’eau le reste des plongeurs attendra notre retour.
Voilà, nous sommes prêt, masque sur la tête et main sur le détendeur, et attendons le signal pour sauter à l’eau. TOP ! Nous rejoignons la bouée en surface et nous nous immergeons tout de suite. Je descends en premier en suivant le bout de la balise. A 3 m, Stéphane me fait signe qu’il a du mal à passer ses oreilles ; il finit par me dire que c’est OK. Nous continuons. Nous croisons la palanquée des moniteurs qui a fixé la balise. Ils sont au palier. Un bubble-check à 6 m et c’est parti pour de bon ! A 10 m, vérification : Stéphane suit, c’est bon ! A 35 m, petit stop pour s’acclimater à la narcose. Tout va bien, on continue. A 40 m, on ne distingue toujours rien, le fond est toujours noir, on continue en suivant le bout.
A 50 m, nous croisons la palanquée précédente qui remonte. Et là, l’effet magique d’une silhouette qui commence à se découper sur le fond de sable. Du noir on passe progressivement au vert foncé, nous devinons facilement la forme générale de l’avion. Surgit alors l’hélice, puis le nez de l’appareil et enfin le reste du zing. N’ayant pas assez anticipé le gonflage ma stab, je me pose à genoux sur le sable. Stéphane me rejoint. Tout continue d’aller pour le mieux – précisons juste que nous sommes passablement atteints par l’ivresse des profondeurs.
Mon ordi affiche déjà deux minutes de plongée : 1 minute 30 pour faire les 55 m qui nous sépare de la surface, c’est pas mal ! Il nous reste donc 7 minutes pour faire le tour du Mustang. La visibilité n’est pas extraordinaire, mais tout de même correcte. Chacun part de son côté, l’avion étant « tellement » grand, on ne risque pas de se perdre de vue, surtout avec nos phares puissants et bien appréciables dans cette pénombre. D’ailleurs en balayant le bleu, je distingue quelque chose sur le sable. La narcose agissant, j’oublie de prévenir Stéphane que je m’éloigne d’une dizaine de mètres pour aller voir ce que c’est. C’est une plume de mer. Je la photographie. Stéphane finit par me voir et me rejoint. Pas très emballé par ma découverte, il retourne à l’avion et je le suis. Un dernier petit tour et nos ordinateurs affichent les 9 minutes. D’un seul homme, nous nous mettons d’accord et nous entamons la remontée vers la surface.
A peine avons-nous quitté l’épave que nous croisons la dernière palanquée qui descend. Au fur et à mesure que la pression diminue (on remonte, c’est normal), les effets de la narcose s’estompent. Mon ordi affiche un deep stop à 17 m. Une petite pause d’une minute, et nous repartons vers le palier suivant. Les ordinateurs affichent des paliers conformes à ce que nous donnent les tables. 11 minutes plus tard, après avoir fait des parties de ChiFouMi avec Franck et Nicolas, nous sortons de l’eau.
Dieux, quelle plongée ! Et même si l’avion n’est pas bien grand, c’est très impressionnant. Certaines épaves de bateau en imposent par leur taille surtout si elles sont posées sur la quille. Mais ce petit avion dégage une impression assez inexplicable. Il est le dernier témoin d’une bataille aérienne, et du crash qui a suivi. La preuve en est que les palles sont toutes tordues ce qui signifie que l’hélice tournait au moment de l’impact avec l’eau.
Voilà, j’espère que j’ai réussi à vous faire rêver avec ces quelques lignes et que la prochaine fois ce sera avec vous que je ferais cette plongée. Voici la fiche du Mustang P51 de Ulysse Club.
Merci Christophe